Ce jeudi 2 mars sur FRANCE 2, Complément d’enquête à diffuser un reportage pour comprendre le dispositif «MaPrimRénov’», l’une des mesures phares du gouvernement. Le documentaire veut nous montrer les réalités derrière les belles promesses. Quand est il réellement ? Entre DPE incompréhensible, résultat qui change d’un diagnostiqueur à l’autre et pénurie d’artisan comment les passoires thermiques sont une opportunité immense mais aussi un vrai casse tête pour les investisseurs.
Passoires thermiques : des milliards dépensés pour la rénovation énergétique sans aucun résultat
Pour lutter contre le dérèglement climatique et aider les Français à réduire leur facture de chauffage, le président Macron s’est engagé à rénover 700 000 logements par an pour les cinq prochaines années. Le but est d’éliminer les passoires thermiques. Mais quelle est la réalité derrière ces belles promesses ? Est-ce que la révolution énergétique de l’habitat français est vraiment en route ? Pour le savoir, les équipes de l’émission ont enquêté sur les aides publiques mises en place pour aider les consommateurs à mieux chauffer et isoler leurs logements, notamment le dispositif MaPrimRénov’ , l’une des mesures les plus importantes de ce gouvernement.
Les passoires thermiques : le symbolique l’emporte-t-il sur l’efficacité ?
En mars 2022, Emmanuel Macron s’était engagé à financer au moins 700 000 rénovations par an pendant son second mandat. Selon la Ministre de la Transition Énergétique, Agnès Pannier-Runacher, ce chiffre est désormais respecté : Il y a cinq ans, on réalisait 70 000 rénovations par an alors qu’aujourd’hui nous en réalisons 700 000, ce qui correspond à une multiplication par dix ! .
Une information qui a été vérifiée auprès de l’Agence Nationale de l’Habitat (Anah). Cependant, en 2022, seules 669 890 dossiers de rénovation ont été payés à travers MaPrimeRenov’, dont seulement 65 939 ont été des rénovations globales, soit moins de 10%. La majorité des rénovations se limitent à des gestes de travaux comme un changement de fenêtre ou de chauffage.
Combien de rénovations globales réalisées par le gouvernement atteignent-elles vraiment la classe a ou b ?
Les communications officielles de l’Anah ne donnent aucun chiffre à ce sujet, mais après de nombreux échanges, nous avons obtenu que sur les 65 939 rénovations globales, environ 13 400 logements sont arrivés à la classe Bâtiment basse consommation .
Cela signifie que quasiment 80 % des rénovations globales financées par l’Etat n’atteignent pas leur objectif initial. Ainsi, en une année, ce ne sont pas 700 000 logements qui ont été mis aux normes, mais seulement 13 400. À ce rythme, il faudrait plus de 2600 ans pour que la France rénove les 35 millions de logements nécessitant des travaux.
Toutefois, Agnès Pannier-Runacher nuance ce chiffre de 13 400 rénovations A ou B, qui correspond selon elle à ceux pour lesquels un diagnostic avant / après a été réalisé.
L’arnaque des passoires thermiques : l’isolation à 1 sous le feu des projecteurs
Pascal a décidé de réaliser des travaux pour améliorer le confort de sa maison. Il a donc préparé un dossier pour solliciter les aides du département et de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah) afin de remplacer ses fenêtres en simple vitrage et d’installer un poêle à bois. Ces travaux devraient coûter 13 000 et, après les aides, il devrait rester 2600 à sa charge.
Selon François Boulot, responsable de la thématique précarité énergétique au Secours Catholique, ce reste à charge pour les petits propriétaires vivants dans des passoires thermiques est souvent trop dissuasif et l’accompagnement est trop limité. Il faut donc offrir un accompagnement global à ces familles afin qu’elles puissent sortir durablement de cette situation.
Tous les foyers rencontrés considèrent la rénovation de leur logement comme une nécessité urgente. Deux d’entre eux ont déjà effectué des travaux, mais le résultat n’est pas satisfaisant.
Malgré nos faibles revenus, le propriétaire a quand même isolé le logement pour 1 , sans nous le rembourser . Des plaques de polystyrène noir d’une épaisseur de 10 cm ont été installées sur les murs et le plafond, mais pas sous les pièces d’habitation ou sous le plancher du grenier.
Alain
Alain souligne que tant que le logement ne sera pas entièrement isolé, il y aura toujours des courants d’air. Les seuls changements observés : Ma bouteille d’eau ne gèle plus en hiver . Malheureusement, le froid est toujours présent.
Alain et Claire, lorsqu’il fait très froid, ont mis le thermostat à 19°C et les radiateurs ne s’arrêtent plus. Ils utilisent aussi des convecteurs électriques bon marché et un poêle à pétrole qu’ils remplissent au compte-goutte (40 le bidon de 20 litres).
Chez Thierry, chaque pièce est équipée d’un vieux radiateur en fonte relié à une cuve de fioul mais il est impossible de régler la température, alors il utilise des radiateurs d’appoint électriques ou à bain d’huile pour éviter que l’humidité ne grignote ses meubles. Thierry pense qu’il faut « toujours chauffer une maison » car cela entretient le bien du propriétaire.
Pouvoirs publics et engagements : quelle stratégie pour réussir la rénovation énergétique ?
Selon le ministère de la Transition Écologique, le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie consommée en France, et il émet plus de 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone, soit près du quart des émissions nationales de CO 2. Bien que la politique de rénovation énergétique ait pour but louable d’en finir avec les passoires thermiques et de réduire la facture de chauffage des citoyens, elle semble toujours en difficulté en 2023.
Les journalistes de Complément d’enquête ont eux-mêmes constaté lors de leur enquête que les aides publiques accordées aux consommateurs ne sont pas suffisantes pour les aider à isoler et mieux chauffer leurs logements. Les commerciaux peu scrupuleux n’hésitent pas à profiter des systèmes d’aides pour réaliser des profits indûs. De même, le portail informatique qui permet aux citoyens de déclarer leurs aides fait souvent face à des bugs concernant son attribution.
Quelle solution pour une meilleure prise en compte des besoins des français ?
Depuis 2021, le gouvernement promet de moderniser le dispositif de rénovation énergétique. Il a ainsi mis en place le label « Certifié RGE » pour mettre en avant les entreprises engagées dans le respect des engagements de qualité et d’efficacité énergétique. Cependant, selon les constats de Complément d‘enquête, cette mesure ne serait pas suffisante pour remettre en cause les arnaques dont sont victimes les consommateurs. Le gouvernement doit mettre en œuvre des outils spécifiques pour protéger les intérêts des citoyens.
Ainsi, un contrôle renforcé des devis et des aides publiques, ainsi que le suivi des installations réalisées par des organismes indépendants pourraient permettre de garantir le respect des engagements des entreprises et faciliter le rachat ou le remboursement si ces conditions ne sont pas respectées. La transition énergétique est aujourd’hui indispensable pour enrayer le dérèglement climatique. Elle ne pourra aboutir que si les intérêts des consommateurs sont mieux pris en compte, afin qu’ils puissent bénéficier sans risque des nombreuses aides proposées par le gouvernement.
Les passoires thermiques : Tout ce que vous devez savoir
Après l’interdiction de la vente de passoires thermiques, nous allons voir ce que la loi nous dit à propos de la location de ces logements.
Qu’est-ce qu’une passoire thermique ?
Une passoire thermique est une habitation dont la consommation de chauffage ou de climatisation est relativement excessive. Elles sont très énergivores car mal isolées, leur DPE variant entre F et G. Ce phénomène peut être causé par une mauvaise isolation de la toiture, des fenêtres en simple vitrage, etc. Cependant, une passoire thermique n’est pas forcément un logement insalubre ; il s’agit simplement d’un logement mal isolé.
Il est obligatoire depuis le 1er juillet 2007 de fournir un diagnostic lors de la vente ou de la location d’un logement (particulier ou tertiaire), et ce n’est pas toujours une question de mauvaise foi.
A quoi ressemble une passoire thermique ?
En France, ces logements se trouvent souvent dans des bâtiments anciens construits avant 1975, époque où les techniques d’isolation n’étaient pas encore bien développées et réglementées. Ce n’est qu’au milieu des années 70 que les premières règles sur l’isolation ont été mises en place, suivies de près par la première loi sur les économies d’énergie en 1978.
Investir dans des passoires thermiques : une opportunité ou un risque ?
Pourquoi miser sur une passoire énergétique ? Beaucoup de propriétaires de logements classés F ou G ne veulent pas entreprendre de rénovation. Certains considèrent cette opération trop complexe, d’autres trop onéreuses. Selon une étude de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi), seuls 30% des propriétaires envisagent de réaliser des travaux et 13% songent à vendre leur bien.
La plateforme SeLoger remarque qu’un grand nombre de propriétaires de passoires thermiques ont déjà vendu leur bien. Dans certaines villes, les annonces de vente pour des biens étiquetés F et G s’accroissent. La valeur verte des logements devient une réalité et, selon Lesnotaire.fr, un bien classé F ou G se vend en moyenne 2 à 18% moins cher qu’un bien classé D, ceci variant selon les régions. Il est également possible que cet écart de prix s’agrandisse encore.
Les valeurs récoltées par LyBox sur le marché immobilier confirment cette tendance, les plus grosses différences de prix étant dans les petites et moyennes villes là ou la marge de négociation est de base la plus élevée.
En conclusion, il est clair que la mise sur une passoire énergétique peut s’avérer être un bon investissement à long terme. Les propriétaires qui possèdent des logements classés F ou G sont nombreux à ne pas vouloir engager de rénovation, ce qui a un impact significatif sur leur prix de vente. Les investisseurs pourraient bénéficier d’une plus grande plus value en optant pour des travaux d’amélioration énergétique.